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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 07:53

Ce n’est que plus tard, emmitouflée dans une grande serviette éponge, qu’elle laissa son esprit revenir sur ce retour.                         -Il faudra désormais, que je m’habitue à mon secret, que je l’étouffe au plus profond de moi, pour qu’il ne me gêne pas dans ma démarche, pensa Léa. Elle ne tenait pas, et n’aimait pas extérioriser ses sentiments. Elle défit sa valise et rangea ses affaires.                 La gérante de l’hôtel qui paraissait fort timide, revînt une heure plus tard, chargée d’un plateau alléchant. Grâce au repas frugal, très vite Léa sentit le calme la gagner. Elle se pelotonna dans son lit et prit le temps d’examiner la pièce ; cela lui convenait. Dès la lumière éteinte, à peine couchée, le sommeil l’emportait, sans être tourmentée  par son cauchemar habituel.

 

L’aube se leva, aussi radieux qu’un jour de plein été, le village s’éveillait à peine. Léa fut réveillée en  sursaut, au son d’un hurlement.

Ouvrant grands les yeux,  balayant  autour d’elle un regard de curiosité, pour en détailler tous les recoins, il lui fallut un moment pour se rendre compte que le cri perçant venait du dehors.                  

La chambre de Léa disposait de deux grandes ouvertures  donnant sur un jardin en contrebas. Elles étaient entrebâillées et laissaient pénétrer  une bonne odeur de café.

 

Sortant de son lit, elle se rendit à l’une des  fenêtres, pencha sa tête au dehors et aspira avidement une bouffée d’air frais. Ses yeux s’attardèrent à contempler un chien qui fouillait dans une poubelle,  et deux chats faméliques qui miaulaient à ses côtés.

 

Un silence, vidé de toute activité humaine, régnait autour de l’hôtel, à cette heure matinale les rues étaient désertées. Le quartier semblait assoupi. « Où étaient passés les habitants ? » se demandait Léa.  Elle s’imaginait être la seule habitante du village, la rescapée d’une catastrophe, quand soudain, d’un minaret voisin, un muezzin clama vers le ciel les versets du coran.                                                    

 

Tandis que le soir, les villageois, à la recherche de fraîcheur se tenaient devant le pas de leur porte pour tuer le temps et profiter de ces belles soirées, tout en se remémorant les évènements de la journée. Assis selon leurs habitudes, les enfants, en tenue légère, pieds nus, jouaient aux osselets sur le trottoir éclairé par un lampadaire,  ils respiraient l’air doux de la nuit. L’ensemble donnait une ambiance de kermesse, tous se  connaissaient, tous aimaient la conversation, les échanges, cela faisait oublier les ennuis quotidiens.

 

 En robe légère, les cheveux dans une serviette éponge nouée autour de la nuque, Léa  prit son petit déjeuner dans la salle du restaurant, elle songea subitement à la prise d’angoisse, qu’elle eut dès son arrivée à l’aéroport, étant  incapable de secouer l’effroi glacé qui l’habitait. Terrorisée elle serait bien revenue sur ses pas en imaginant, la folie de sa démarche.

 

Léa, qui avait retrouvé un semblant de vigueur,  avait hâte de déambuler dans les rues du village. Elle fut fort surprise de voir devant l'hôtel la jeune personne qui la veille l’avait renseigné. Celle-ci attendait  que l’étrangère fasse son apparition.

Heureuse de la revoir, Léa reconnue  les yeux expressifs de cette mauresque drapée de blanc, au visage à demi caché ; qui engagea la conversation en lui confiant qu’elle se prénommait Aïcha, et  se proposa de lui faire visiter les lieux.     

 Ce n’était pas une personne d’une grande beauté, mais il émanait d’elle une sorte de bonté et de gentillesse qui séduisait.

Bavarde, elle tenait Léa au courant des plus minces faits du village. Dans sa tête était logée l’histoire complète des maisons avec les gens qui y habitaient maintenant et avant l’indépendance du pays. Elle la détaillait par cœur en regrettant cette époque lointaine. Aïcha fut Trop jeune pour avoir connu cette période, mais tous ces éléments lui avaient été transmis par ses parents qui étaient restés nostalgiques de ces années de présence Française.                                 

 

 Chaque mot de son guide perçait le cœur de Léa.

Qu’il était cruel d’avoir recours à une étrangère pour entendre l’histoire de ces demeures, de tout ce qui était vie et beauté des êtres et des choses, elle,  qui s’était  enivrée de ses lieux chargés de souvenirs et de rêves.  

 Mais, Léa brûlait d’une véritable fièvre de curiosité, elle écoutait  subjuguée, envoûtée par cette voix chaleureuse qui déterrait un passé enfoui d’une nuée de souvenirs pimentés, d’images agréables.

Elle trouvait cette interlocutrice  drôle, vive, sympathique ; se proposant  de l’accompagner dans ses déplacements.

Quelle aubaine pour Léa, inquiète, sensible, vulnérable, qui avait besoin de soutien et de conseils !

Il est vrai, que ses origines villageoises, ont portées Léa tout naturellement à se lier d’amitié avec cette jeune personne.   Une citadine aurait peut être observée plus de distance à son égard.             

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