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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 19:07

Ce  beau monument hispano-mauresque, tant par son architecture extérieure que par sa décoration intérieure, faisait  partie du vaste répertoire du patrimoine bâti,  issu de la colonisation française en Algérie.

Léa restait comme anéantie au milieu de ce tumulte, dans la longue attente des trains. De nombreux voyageurs et marchandises sont  transportés par rails à partir de cette gare d’une grande beauté ; vers l’est en direction d’Alger la blanche, vers l’ouest en direction de la frontière marocaine,  le terminus étant la ville d’Ain Témouchent.

Dans ce monstre de fer, sillonnant le département Oranais, elle voyait défiler sous un ciel d’un bleu, lumineux : villages, champs embrasés,  s’étalant à perte de vue. Léa était rudement cahotée, malmenée par le roulis qui balançait : bagages, paquets, paniers usés, volailles caquetantes aux pattes ficelées. Tout en regardant le paysage,  elle retournait en pensée vers sa propre enfance tendre, heureuse, mais aussi  vers celle d’une jeunesse triste  gâchée par des évènements insoupçonnés. Il  roulait, roulait à vive allure, ce train ; sifflant à travers la campagne, emportant des voyageurs serrés les uns contre les autres,  où parfois l’air était irrespirable tant il faisait chaud. Des enfants, irrités par l’assaut d’une nuée de mouches collantes, bourdonnantes, secouaient sans cesse leur tête pour les chasser. Léa, assise,   observait autour d’elle  les personnes  restées debout, par manque de places, qui oscillaient dangereusement au rythme de la locomotive.

Bercée par sa rêverie, son  regard errait à travers les glaces du train qui ralentissait, s’arrêtait  au passage des petites gares.

Pas le moindre souffle de vent n’animait la campagne africaine, la chaleur s’abattait drue  sur les toits des wagons et sur les vitres privées de stores. Epuisée de fatigue, malade d’anxiété en approchant  le village d’El Malah  (Rio Salado,) distant de soixante kilomètres, dans lequel elle devait séjourner, Léa songeait à ce retour aux sources tant attendu. Elle éprouva une forte impression lorsqu’elle quitta en métropole, son entourage familier pour entreprendre cet émouvant voyage la ramenant vers sa terre natale,  suivre ce parcours initiatique qui l’avait tant obsédé. Cette subite volonté de se ressourcer est venue un beau matin de printemps  où un puissant désir, empreint de nostalgie, la traversa, presque physique tant il était violent. Elle éprouvait un  besoin impérieux  de ce souffle d’évasion et d’espoir après tant années de souffrance, de solitude.  

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