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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 07:27

 

 

La décision prise, elle allait comme solution de désespoir faire un saut vers l’inconnu. Suite à tous ces évènements,  elle fut atteinte d’une dépression dite,

« A caractère mélancolique, » que l’on pouvait aussi qualifier de symptôme de deuil et de chagrin profond.                                             

 

Après l’exode, elle n’avait trouvé que misère, ennui, solitude et souffrance.

Elle eut un désespoir si violent que son âme en loques sembla désormais sombrer dans la mort. Tout allait de mal en pis, et n’avait plus la force de lutter. Elle resta longtemps très faible, accablée  par la tristesse et mena une vie sinistre, claustrale, qui l’isola  du reste du  monde.

La pauvre femme avait fait un long séjour à  l’hôpital  psychiatrique,   Sainte-Anne  de Paris.

Elle languissait, se consumait, créait la méfiance, sombrait chaque jour un peu plus,  dans la noirceur, la morosité et le doute. Son  état  était  préoccupant.  Il était pour elle si aisé de mourir !....Plus difficile de vivre.

 Dès vingt ans elle était marquée par la douleur, par le malheur, d’une cause volontaire, une des plus grandes calamités, qui frappe des victimes innocentes.                   

Le cœur serré, elle revoyait s’écouler dans le vide ses plus belles années stérilement perdus. La tristesse et la déception faisaient partie de sa vie,

elle luttait de toutes ses forces pour dominer sa douleur,  remonter le courant ;  mais sa vie allait à la dérive. 

Elle restait des journées, immobile sur une chaise, comme une statue, et passait ses nuits les grands yeux ouverts, en regardant le  plafond de la chambre tout en  poussant des gémissements.

Au fur et à mesure que les années passaient, son apathie ne faisait que s’accentuer ;  elle eut recours à un traitement psychiatrique pour son délabrement moral et physique.

Léa aurait mieux voulu ressembler un peu plus au commun des personnes et avoir un peu moins de malheurs…

Son entourage lui disait qu’en se désespérant ainsi, elle manquait à son devoir envers cet enfant enlevé, comme à son devoir envers la vie. 

Il avait beau la réconforter, la raisonner, rien ne semblait la toucher.

 

C’est après avoir longtemps dormi dans une obscurité profonde, privée d’images et de souvenirs, qu’elle sentit battre son cœur et elle comprit vaguement, qu’elle avait cédé à la dépression nerveuse qui la menaçait suite au meurtre de son époux,  au rapt de sa fille qui avait précédé.

Elle n’était pas folle. C’était le monde qui ne tournait pas rond, les souvenirs de ces évènements restaient présents, elle était triste et solitaire dans cette terre d’exil.

 

 Avec le recul du temps, il est difficile d’imaginer les conditions des exilés d’Afrique du nord ;  le traumatisme d’un peuple sans hargne ni rogne, bouleversé, désarçonné, désorienté, troublé.  En un mot, déboussolé par le déracinement, non préparé à sa nouvelle condition de vie, stupéfait de son propre effondrement, aigri, prêt à souscrire à n’importe quoi, pourvu que ses cauchemars cessent.

 

Un sentiment de remords, de culpabilité commençaient à naître dans son cœur. Ses nerfs durement éprouvés avaient besoin  de calme et de sérénité.

Après quelques années de soins,  et de surveillance, Léa finit par émerger de sa dépression et éprouva un besoin de revoir sa terre natale, et la réponse à toutes ses préoccupations.

Dix années venaient de s’écouler….Dix années, avec leur poids de souvenirs, de ressentiments, son désir de revoir son terroir demeurait toujours aussi vif.

Elle rêvait d’un pays toujours inaccessible, débordant de lumière.      

Ses parents, hostiles à ce voyage ne parvenaient pas à lui faire entendre raison.

Léa était décidée d’aller à la recherche d’horizons perdus, afin de retrouver son enfant disparu.                  (suite)

 

 

 

 

 

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