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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 12:42

Lorsque les forains s'installaient sur la place du village, enfants, nous allions à intervalles réguliers les regarder s'activer et priions pour que la fête ne prenne pas de retard.

Rassurés, nous contemplions lesstructures des stands se dresser peu à peu.

Le village était décoré avec faste. Nous nous émerveillions à la vue des ampoules électriques qui pendaient en guirlandes d'une façade à l'autre. Lors des essais d'allumage, nous avions le souffle coupé.

 

C'était l'occasion pour les jeunes filles de se vêtir de pimpantes toilettes décolletées en cotonnade fleurie. 

Elles se ruinaient en achats de robes, de colifichets et chacune se trouvait plus belle et plus luxueusement habillée; il s'agissait de faire impression sur les jeunes cavaliers....

 

Quant aux garçons, ils gardaient  au fond de leur poche des économies amassées en secret afin de profiter pleinement des attractions.

 

Tôt le matin, nous regardions par la fenêtre de la chambre et guettions le signe de ce jour qui ne se décidait pas à paraître; le ciel de suie n'annonçait pas de vraie lumière. Nous étions impatients!

Dès dix heures, les premières notes, égrénées par l'orgue de Barbarie du manège de chevaux de bois  se faisaient entendre, annonciatrices du début de la fête.

Nous errions, le sourire aux lèvres, un peu  au hasard, nous arrêtant devant les baraques foraines assaillies par les passants; les enfants se bousculaient vers les balançoires en forme de barques.

 

Le mât de cocagne retenait toute notre attention; enduit de savon noir, il attirait les plus téméraires.

Des jeunes hommes se défiaient, arborant fièrement leur force, c'était un combat difficile.

Lorsqu'ils réussissaient, ils se présentaient devant nous avec des trémoussements de joie, gonflant leur poitrine et montrant leur semblant de muscles.......que dis-je?     leur puissante musculature......Nous étions impressionnées par leurs exploits.

 

Les odeurs de gaufres, de caramel, de praline parfumaient les lieux; le sucre se collait aux joues des enfants.

Les barbes à papa défilaient sous nos yeux à un rythme époustouflant.

La liesse était générale, une atmosphère de kermesse régnait sur la place de Rio, tout le monde parlait en même temps et se laissait emporter par ce tourbillon de réjouissances.

 

La douceur de la nuit donnait un éclat supplémentaire aux festivités. Les étoiles, une à une, émaillaient le ciel et laissaient présager de merveilleuses journées ensoleillées. La musique enveloppait tout le village, le vin grisait certains d'une gaité insouciante et d'autres s'étourdissaient en paroles.

 

Il arrivait parfois, la fête terminée, q'un garçon raccompagnât une jeune fille chez elle, le long de la route obscure, sous un ciel rutilant d'étoiles, le couple cheminait tendrement, puis se séparait sous l'inlassable chant de grillons.

Peut-être une nouvelle idylle se préparait-elle?

 

Une fois rentrées chez nous, des heures s'écoulaient avant que tout le monde ne s'endorme.

La nuit était empreinte d'une lourde chaleur qui entrait par la fenêtre grande ouverte. Dans le ciel d'encre, un fourmillement d'astres remplissait la voûte céleste.

Nous trouvions enfin le sommeil dès que les derniers accents de la fête cessaient.

Nous étions capables de danser toute la nuit et d'être, le lendemain matin, les premières levées, fraîches comme des boutons de roses.

 

J'ai beaucoup voyagé et vu de merveilleux endroits, pourtant aucun, si somptueux soit-il, ne me fera oublier mon village natal Rio Salado.

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